La g r a m m a i r e de F o r a t o r
Je pense que la tâche de la prochaine génération d’écrivains, en face de la plus terrible menace qu’ait connue la littérature française, va être d’y réintroduire… la syntaxe.
1. L’hésitation entre qui et qu’il se présente aussi en l’absence du démonstratif ce : « JULIEN : […] Je prendrai le ton qui me plaira. » (Jean Anouilh, Colombe, premier acte, dans Théâtre, volume I, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2007, p. 925.)...
Faudra-t-il que nous disions : « Nombre de ses amis est venu l’accueillir », « Nombre de ses amis a trouvé son attitude pénible », etc., sous prétexte que le mot nombre est au singulier ? Mais nous l’entendons déjà, cette ineptie, et nous la lisons… Voici...
Je suis pour un accord systématique avec le verbe être et l’absence d’accord avec avoir. Peu importe si un COD p récède le verbe ou non… Claude Gruaz, linguiste (interrogé par Le Point , jeudi 26 janvier 2012). Écrivains, journalistes, éditeurs… Qui parmi...
L’ellipse vicieuse n’était pas rare chez Malraux : « L’Art des Steppes était affaire de spécialistes ; mais se s [= de l’Art des Steppes] plaques de bronze ou d’or présentées en face d’un bas-relief, au même format, deviennent elles-mêmes bas-reliefs...
Choses entendues : « J’ai bien hessayé… », « Je doi havouer… », « On descen hau prochain harrêt », « Il y a à Madrid un peti haéroport et un gran haéroport » ; ou encore : Pascal « étè un gran hécrivain » ! Chaque mot est prononcé comme s’il était complètement...
Quoi est le seul pronom relatif avec lequel on peut renvoyer à la locution quelque chose. Il faut dire : quelque chose à quoi on n’avait jamais pensé, et non pas : « quelque chose auquel on n’avait jamais pensé » (ni : « quelque chose à laquelle… »)....
1. Être caparaçonné, ce n’est pas être protégé contre les coups : Je sais que c’est déjà devenu une prouesse de réussir à écrire caparaçonner au lieu de l’inexistant « carapaçonner »… Pourtant, l’adjectif caparaçonné provient du nom caparaçon et la réalité...
Une entreprise de féminisation du français, qui s’impose par intimidation autant que par décret, est en cours. On nous impose les désinences à choix multiple ou plutôt à imbrication (dites « inclusives »), qui sont imprononçables, au moment même où nos...
Quand les Français racontent des événements ou résument des actions, ils le font au futur. De nos jours, même le passé se raconte au futur. Il s’est répandu un absurde futur qu’on peut dire « de narration », utilisé pour résumer une intrigue de roman...
Maintenir dans l’écrit la différence entre subordonnée relative explicative et subordonnée relative déterminative (ou restrictive) est essentiel pour la survie du sens. Aujourd’hui, cette différence est profondément méconnue. Dans le cas d’une proposition...
À droite d’un groupe formé par un nom et son complément, peuvent prendre place divers éléments : un adjectif, plusieurs adjectifs, un adjectif suivi d’un groupe prépositionnel de valeur circonstancielle, etc. Les éléments placés à droite sont liés soit...
Prenons un roman représentatif de ce qu’est aujourd’hui la littérature de jeunesse écrite en français, par exemple Chasseur Noir III : L’Enchanteur de Sable , par Michel Honaker (éditions Flammarion, collection Tribal, 2010) ; et observons-en les dialogues...
Chez un classique pleinement maître de sa langue, même le syntagme « un troupeau de… » peut entraîner la mise au pluriel du verbe, comme le montre ce splendide passage de Chateaubriand, où sont fustigés les révolutionnaires devenus louis-philippards :...
La grammaire invoque l’attraction modale lorsqu’une proposition subordonnée dépendant d’un verbe au subjonctif a son verbe mis lui aussi au subjonctif, sans autre motif que cette dépendance. Le verbe subordonné est « attiré » vers le subjonctif, alors...
« D’une certaine manière il n’y a pas de progrès en poésie, et le poème est répétitif, parce que, quel que soit le savoir (poétique par exemple) qu’il mette en œuvre, il ne se place pas dans la perspective du savoir. » (Michel Deguy, dans sa préface à...
Parfois, le subjonctif s’insinue dans des subordonnées où il n’a que faire, se substituant indûment à l’indicatif (notamment futur) ou au conditionnel. « Tout ce que les êtres emportent dans le silence de la tombe n’en est pas moins là. Les pages cachées...
Beaucoup de gens croient sans doute faire acte de résistance contre la tendance à narrer au futur quand ils utilisent la construction « va/vont + infinitif ». Or ce choix n’arrange rien ! Car la construction qui fait du verbe aller un semi-auxiliaire...
On constate, chez tous les traducteurs français, une irrésistible propension à la trivialisation. Une phrase qui est de l’anglais courant, nos traducteurs en font du français relâché. Voyez Hemingway, qu’on a longtemps traduit en argot de la Série noire…...
[Pour compléter un précédent billet : Le destin du pronom personnel COD .] Sans être une tournure outrancièrement relâchée, l’omission du pronom personnel C.O.D. non réfléchi est une marque de désinvolture stylistique. On ne saurait s’en priver lorsqu’on...
Calquant désormais une bonne part de ses structures sur celles de la langue anglaise, le français se simplifie en s’appauvrissant. En anglais, on dira par exemple : She considered him a friend, elle le tenait pour un ami, elle le considérait comme un...
(Suite de mon billet Confusions entre l’agent et le patient , publié en juin 2010.) L’infinitif prépositionnel ne peut s’employer que si l’action est faite par un sujet (évidemment pas exprimé) qui est en même temps le sujet du verbe principal. L’oubli...
Voici une modeste comparaison. Est-ce encore du français ? « Ils parlent de lui comme l’envoyé de Dieu. » (Entendu à la radio.) Mais non : ils parlent de lui comme de l’envoyé de Dieu. Après la conjonction comme , il est possible de faire l’ellipse du...
La directrice nous fait signe pour qu’on se rassemble visiter l’écurie. – Ça pue ! Je me retourne pour voir qui a parlé à ma place. – Comment tu t’appelles ? – Gaylord. Et toi ? – Ève, même si Courgette ça sonnait mieux. – J’aime bien les courgettes....
Dans les dialogues, les noms ou les expressions mis en apostrophe devraient être séparés du reste de la phrase par une virgule (ou éventuellement par une paire de virgules). La phrase qui contient ce nom en apostrophe peut être une déclaration, une exclamation,...
1. Dénoter est fréquemment mis pour détonner : « Son châle de prière lui fait de grandes ailes de sagesse qui dénotent avec sa bouille d’enfant impertinent criblée de taches de rousseur. » (Tobie Nathan, Qui a tué Arlozoroff ?, Grasset, 2010, p. 155.)...