La g r a m m a i r e de F o r a t o r
Je pense que la tâche de la prochaine génération d’écrivains, en face de la plus terrible menace qu’ait connue la littérature française, va être d’y réintroduire… la syntaxe.
Chacun de nous peut entendre prononcer, de plus en plus souvent : « La preuve en est, c’est que… » ; « Le fait est, c’est que… » ; « À cette différence près, c’est que… » ; « Toujours est-il c’est que… » ; « Force est de constater, c’est que… » ; « Pour...
2. Devant les noms de lieux : Les noms de villes, tels que Le Mans, Le Havre, etc., ont cette majuscule depuis longtemps : « Le siège de La Rochelle fut un des grands événements politiques du règne de Louis XIII, et une des grandes entreprises militaires...
Le chef-d’œuvre de Pierre Michon nous prouve que le phénomène de l’omission d’une préposition coordonnée n’était pas rare dans les années 1980 : « Marianne une fois vint à Mourioux, au tout début de mon séjour, en mars, et il faisait beau. Je me dois...
En français, le conditionnel joue deux rôles bien distincts. Il s’utilise, d’une part, dans la principale de certains systèmes conditionnels, pour exprimer le potentiel : « Si demain la pluie cessait, les récoltes seraient sauvées » ; l’irréel du présent...
Comme plus personne ne sait qu’il existe une différence de prononciation entre les désinences -ai et -ais, nous voyons se multiplier à l’écrit les confusions entre les graphies du futur (simple ou antérieur) de l’indicatif et celles du conditionnel (présent...
Comme je l’ai montré dans mon précédent billet, la non-répétition des prépositions, notamment à et de, cause moins de dommage devant les verbes que devant les noms. Dans le présent billet, je tâcherai d’expliquer pourquoi les grands écrivains du XIX e...
4. Ébahi devant le spectacle que lui offrait l’aquarium d’un restaurant, un petit garçon de sept ans s’est écrié (j’étais à proximité, je l’ai bien entendu) : « Elle s’est assis !… Maman, l’écrevisse du bassin, elle s’est assis sur son cul ! » Tôt ou...
Examinons les effets de l’omission de la séquence « qui est » dans le cas où le verbe être absent aurait dû assumer la fonction d’auxiliaire. Dans ces cas-là , en plus du relatif et de l’auxiliaire être, il manque généralement le pronom réfléch i : «...
Les échantillons de cette langue d’avenir ne proviennent pas du futur, mais d’un essai qui s’intitule Recherche précarisée, recherche atomisée : Production et transmission des savoirs à l’heure de la précarisation. L’ouvrage, publié aux éditions Raisons...
Voici des titres d’articles, lus sur Internet : « Les sévères diagnostics de Emmanuel Todd » ; « Retour sur l’assassinat de Ali Tounsi ». Bien sûr, en français, il aurait fallu écrire : « d’Emmanuel Todd », « d’Ali Tounsi ». Et on devrait pouvoir améliorer...
Parmi les dithyrambes qu’on lit partout, mes observations dissonantes passeront-elles inaperçues ? Au fond je le souhaite, car je ne romps pas sans trembler l’unanimité qui s’est faite en faveur d’un roman qui, depuis sa parution en 2007, n’a cessé d’être...
Mettez ne dans la subordonnée qui dépend d’un verbe exprimant une idée de crainte (« Je crains qu’Isabelle ne soit partie »). Mettez ne après plus que, après moins que, après mieux que, si ces conjonctions de subordination introduisent une proposition...
Il n’empêche que les phénomènes récents sont décourageants. J’entends dire : « Ça m’è égal. » On nous annoncera bientôt le « Journal de vin heures ». D’autre part, nous entendons déjà prononcer « quatre-vin ans », « le si’ avril », « les différen arguments...
Un certain Gilles Ottolini a demandé à l’écrivain Daragane de le renseigner sur un homme qu’il a connu autrefois, Guy Torstel : « [Jean Daragane] n’était pas sûr de le revoir [= de revoir Ottolini]. À la rigueur, il lui écrirait un mot très court pour...
Le billet que j’ai déjà consacré à ce problème ( La non-répétition de la préposition devant un ou plusieurs termes coordonnés ) n’ayant guère été lu, je me suis livré à de nouvelles actions de braconnage dans les parties récentes de la Bibliothèque et...
Lisant le crayon à la main, je ne suis jamais à court de ces phrases que leurs auteurs n’ont pas suffisamment méditées avant de les remettre à leur éditeur. Nombre d’entre elles témoignent de la prodigalité avec laquelle nous employons la proposition...
Laurent Mauvignier fait imprimer, dans Des hommes (éditions de Minuit, p. 148) : « Ils essaient de lui arracher la photo, de se la passer les uns les autres, et les commentaires volent entre deux rires. » Cette construction est-elle incorrecte ? Mauvignier...
L’expression « à un moment ou un autre » remplace aujourd’hui « à un moment ou à un autre ». S’épargne-t-on vraiment de la peine en supprimant des mots ? Ne risque-t-on pas de susciter des difficultés de compréhension et des ambiguïtés qui se paieront...
132 - L’épithète et le court-circuit sémantique 133 - La mutation sémantique du verbe « initier » 134 - La mutation sémantique du verbe « dédier » 135 - L’école des massacreurs de dialogues 136 - Houellebecq et les incises du dialogue 137 - Kundera et...
Le tour n’avoir de cesse a toujours été d’un maniement délicat. Il exprime l’effort, les tentatives successives, voire infructueuses, en vue d’atteindre un but lointain ; de sorte qu’il est bien venu dans la phrase suivante : « Accablé sous le poids d’une...
Le texte qui défile sur l’écran au début de Vera Cruz de Robert Aldrich (1954) comporte le passage que voici : « The Mexican people were struggling to rid themselves of their foreign Emperor – Maximilian. / Into this fight rode a handful of Americans...
Dans nos conversations et sous la plume des écrivains, la conjonction de subordination comme et la locution conjonctive ainsi que ont maintenant tendance à être considérées comme des équivalents de la conjonction de coordination et : « Louis [= Louise]...
Une erreur très répandue consiste à croire qu’un nom d’action est toujours suivi de la même préposition que celle avec laquelle se construit le verbe dont il dérive. En l’occurrence, ce n’est pas parce que cesser se construit avec un complément introduit...
Les écrivains et les traducteurs les plus réputés manquent aussi de vigilance. « L’album commence par Anna. Imagine donc, ô jeune ignare qui lit cela, un autre jeune ignare de ton âge, trois décennies plus tôt : moi, qui entends Anna pour la première...
Jamais encore je n’avais vu la construction « Avec X, nous… », « Avec X, on… », etc., aussi fréquemment employée dans un livre. Écrit par Davide Morosinotto et paru en italien en 2017, ce roman pour jeunes lecteurs a été traduit en français par Marc Lesage...