La g r a m m a i r e de F o r a t o r
Je pense que la tâche de la prochaine génération d’écrivains, en face de la plus terrible menace qu’ait connue la littérature française, va être d’y réintroduire… la syntaxe.
4. Dernières observations Il arrive que la construction se révèle illogique alors que l’orthographe a été respectée : « Un des aspects qui ont le plus frappé les premiers lecteurs de La Modification, le plus scandalisé certains [sic], ç’a été la longueur...
« Le père Leemans vous a une de ces trognes ! » (Alphonse Daudet, Les rois en exil, 1879.) « Tu peux te vanter de m’avoir fichu une de ces frousses ! » (Roger Ikor, Frères humains, 1969.) Jusque-là, tout est normal. Mais il arrive que l’expression « un/une...
Un certain Charles vient de raconter à un autre personnage, surnommé Caliban, une anecdote qu’il a lue dans les Souvenirs de Khrouchtchev : Staline aurait un jour réussi à tuer à la chasse, en prenant tout son temps, vingt-quatre perdrix qui étaient perchées...
Dans un texte destiné à l’impression, tout prosateur veillait à prévenir les risques d’amphibologie. Il veillait aussi à ce que les phrases aient chacune une sorte d’autonomie. Pas seulement pour qu’elles soient citées dans les dictionnaires de l’avenir,...
Elle nous accable partout, l’omission de la négation ne. Dans certains livres, l’absence de cet adverbe se constate dans tel paragraphe et pas dans tel autre, au petit bonheur, ce qui renforce l’impression d’incohérence syntaxique que procure si uniformément...
Un précédent billet ( « Eh bien », « eh oui » : vont-ils disparaître ? ) a déjà été consacré au phénomène du remplacement de l’interjection eh par la conjonction et . Je publie ce bref supplément pour en citer de plus récentes illustrations, mais aussi...
Participer à / participer de : La première de ces constructions signifie : prendre part à ; et la seconde : avoir la même nature que, relever de. Il existe une variante de participer de, nettement plus explicite : participer de la nature de. De plus en...
« Boutique dédiée », « site dédié », « service dédié » !… Il est absurde de remplacer consacré par dédié, ces deux adjectifs étant de sens très différent. Dédier (le verbe) signifie : offrir symboliquement quelque chose, même un sentiment, à une divinité,...
Deux verbes français ont récemment subi un changement de sens qui les entraîne assez loin de leurs emplois habituels et favorise le surgissement d’inutiles équivoques. Il s’agit des verbes initier et dédier. « On compte sur vous pour initier le mouvement...
Sur les affiches qui dévorent nos façades et obstruent nos perspectives, dans les prospectus publicitaires qui emplissent nos boîtes aux lettres, dans les sous-titres des programmes diffusés par nos téléviseurs, comme dans la plupart des lettres que nous...
Dans certains cas, quand plusieurs substituts grammaticaux se succèdent, leur référent est très clair à l’écrit, mais certains d’entre eux se révèlent équivoques dès que leur désinence ne s’offre plus à notre regard, si le texte nous est lu par autrui....
Comme je l’ai montré dans mon précédent billet, la non-répétition des prépositions, notamment à et de, cause moins de dommage devant les verbes que devant les noms. Dans le présent billet, je tâcherai d’expliquer pourquoi les grands écrivains du XIX e...
Il y a une différence très nette entre ces deux phrases : « Ne désespère pas Gilbert » et « Ne désespère pas, Gilbert ». Seul l’ajout d’un signe typographique permet de ne pas confondre la seconde avec la première. Il convient en effet de tracer une virgule...
Jamais encore je n’avais vu la construction « Avec X, nous… », « Avec X, on… », etc., aussi fréquemment employée dans un livre. Écrit par Davide Morosinotto et paru en italien en 2017, ce roman pour jeunes lecteurs a été traduit en français par Marc Lesage...
Commençons par observer les phrases qui correspondent aux différents extraits ayant été cités jusqu’ici. « Oggi è domenica e io e Viktor siamo andati al Museo. » (Davide Morosinotto, La sfolgorante luce di due stelle rosse : Il caso dei quaderni di Viktor...
Lorsqu’il fait s’entrelacer les paroles directes de ses personnages avec les mouvements rectilignes du tronc narratif et avec les mouvements latéraux des ramures descriptives, l’écrivain s’efforce de façonner une structure organique et d’y faire circuler...
Drieu la Rochelle a-t-il emprunté au Malraux de L’espoir l’usage de ces répliques notées « – … », que j’ai examinées dans Les maladies du dialogue de roman (1) ? Son roman de 1943, L’homme à cheval (éditions Gallimard), nous en fournit quelques exemples....
Les artifices grâce auxquels le narrateur passe la parole aux différents personnages posent des problèmes à tous les écrivains. Non seulement il faut attribuer un style particulier à chacun des personnages, quand une conversation est traitée au style...
[Pour compléter un précédent billet : Le destin du pronom personnel COD .] Sans être une tournure outrancièrement relâchée, l’omission du pronom personnel C.O.D. non réfléchi est une marque de désinvolture stylistique. On ne saurait s’en priver lorsqu’on...
Complément à deux anciens billets, qui s’intitulaient : Les noces du français courant et du moralement correct – première et deuxième partie . Le narrateur de Léviathan, roman de Paul Auster paru en 1992, raconte sa première rencontre avec son ami Benjamin...
En rassemblant des extraits de lectures pour nourrir un billet consacré aux verbes maintenant construits avec une mauvaise préposition, je me suis rendu compte que cette forme de déstructuration syntaxique concernait principalement se prémunir et enjoindre....
Mettez ne dans la subordonnée qui dépend d’un verbe exprimant une idée de crainte (« Je crains qu’Isabelle ne soit partie »). Mettez ne après plus que, après moins que, après mieux que, si ces conjonctions de subordination introduisent une proposition...
On constate, chez tous les traducteurs français, une irrésistible propension à la trivialisation. Une phrase qui est de l’anglais courant, nos traducteurs en font du français relâché. Voyez Hemingway, qu’on a longtemps traduit en argot de la Série noire…...
Faut-il dire : « Sans que rien ne se passe », ou : « Sans que rien se passe » ? Et faut-il dire : « Sans que personne ne vienne », ou : « Sans que personne vienne » ? L’usage des grands écrivains nous démontre que le ne est superflu (et fautif) après...
Il est ici question, bien sûr, des articles définis le ou les, et non pas du pronom personnel COD. On peut dire sans problème : « On m’a chargé de le (ou de les) ramener à la raison », « Nous nous sommes obstinés à le soutenir », « Je m’entraîne à les...