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18 juillet 2011 1 18 /07 /juillet /2011 15:24

Comment peut-on commettre, en si peu de pages (quatre pour le premier, huit pour le second), autant de bourdes ?

 

Franz-Olivier Giesbert affuble d’une préface sympathique, quoique pimentée de quelques fautes d’orthographe, la réédition de l’Histoire de France (1924) de Jacques Bainville (aux éditions Perrin, collection Tempus, 2011).

Parmi les perles que renferme cette préface, il faut absolument signaler celle de la page 10. Giesbert nous parle d’un dénommé « Maupéou », alors que le nom de Maupeou, garde des Sceaux et chancelier de France sous Louis XV, est parfaitement orthographié dans le texte de Bainville, à la page 288 du volume, et que ce nom se prononce Maupou.

D’autre part, le préfacier prend de singulières libertés avec les auteurs qu’il cite. Avant même d’avoir vérifié, je savais que le troisième de ces vers, à la page 9 de cette préface, avait été recopié d’une main distraite : « Gronde canon, crache mitraille ! / Fiers bûcherons de la bataille, / Ouvrez un chemin sanglant ! »

L’absence d’une syllabe, dans une suite d’octosyllabes, est toujours parfaitement audible. Ce texte pouvant être consulté facilement sur Internet, j’ai pu vérifier sans surprise que Déroulède avait écrit : « Ouvrez-nous un chemin sanglant ! »

La poésie était pauvre mais le vers bien bâti.

 

François Hollande, préfaçant un essai intitulé Le dernier Chirac, nous donne la preuve que le passé simple est rentré en grâce.

« Je fus, en effet, son adversaire local le plus constant en Corrèze. » (François Hollande, préface à l’essai Le dernier Chirac, par Bruno Dive, éditions Jacob-Duvernet, 2011, p. 11.)

« Au lendemain du 21 avril 2002, j’eus la cruelle responsabilité d’appeler les Français à utiliser le bulletin Chirac pour réduire autant qu’il était possible le score du candidat de l’extrême droite. […] / Pourtant, je fus fier que, dans ma ville, Jacques Chirac obtint 95 % des suffrages. » (Préface au Dernier Chirac, p. 12-13.) M. Hollande affectionne le passé simple de l’indicatif, mais le subjonctif n’est pas de son ressort.

Ou plus exactement, la différence entre les deux lui échappe :

« Comme nouveau président du Conseil général de la Corrèze, j’ai eu à cœur de l’accueillir comme l’ancien Président, mais aussi l’élu qu’il fût de ce territoire pendant plus de 30 ans, (député, conseiller général…) avec égards et respect. Nul n’aurait compris qu’il n’en fût pas ainsi. Dans cette nouvelle situation, jamais facile à vivre, il fait preuve d’une dignité qui n’a d’égal que sa sérénité. » (Préface au Dernier Chirac, p. 17.)

Il aurait fallu répéter la conjonction comme, placer le syntagme « de ce territoire » juste après « l’élu », écrire en toutes lettres le nombre exprimant une durée, placer la virgule après la parenthèse fermante, et enfin éviter de coiffer d’un accent circonflexe le passé simple de l’indicatif, quoique le choix même de ce temps se révèle malhabile (je préconise « avait été » ou « aura été »). L’invariabilité d’égal peut se défendre.

Ce ne sont pas les seules fautes que contient cette courte préface : confusion entre « toute autre » et « tout autre », traits d’union omis, prépositions non répétées, espaces typographiques intempestives et ponctuation anarchique (dont le dernier extrait cité nous donne un exemple).

Les puissants de ce monde sont de plus en plus mal secondés.

 

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commentaires

J
Jean d'O. a récemment écrit sur François Hollande :<br /> « Il parle un joli français. Et sa syntaxe est impeccable. On pourrait peut-être l’élire à l’Académie française. » (Jean d’Ormesson, dans Le Figaro, 11 avril 2012.)<br /> Je suis sûr qu'il le pense !
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