Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 mars 2015 6 14 /03 /mars /2015 10:37

2. Erreurs qui requièrent la refonte de l’énoncé :

 

Dans certains cas, rectifier un accord ne suffit pas à supprimer l’illogisme.

Usage normal, sous la plume d’un auteur longtemps réputé trop oral :

« C’était une grande maison bleue à deux étages et justement une de celles qui ne tenaient plus guère debout, de sorte qu’il y avait dans la façade une grande lézarde qui, partant d’un cadran solaire, la traversait obliquement jusqu’au toit. » (C. F. Ramuz, Farinet ou la Fausse Monnaie, 1941, chapitre IV, dans Romans, volume II, Bibliothèque de la Pléiade, 2005, p. 725.) L’auteur a pris soin d’expliquer que la plupart des maisons du village sont inhabitées et en ruines.

En revanche, dans l’annotation des textes réunis dans le même volume de la Pléiade, nous lisons ceci : « Du premier plan au manuscrit définitif, puis du dactylogramme à l’édition originale, Présence de la mort est un des romans qui a subi les plus profondes transformations, au point que l’on peut parler de work in progress. » (Jérôme Meizoz, « Notice » de Présence de la mort ; dans Romans, volume II, p. 1497.) Je rappelle que Work in Progress fut le titre provisoire de Finnegans Wake.

Jérôme Meizoz aurait pu écrire : « Présence de la mort est un roman qui a subi… ». Il n’y avait qu’un mot à ôter.

« Une nouvelle citation se présenta à lui [= à l’esprit de Beaujeux], une de celles qui, depuis son enfance, l’avait toujours terrorisé. Quand tu seras vieux, dit le Christ à Pierre, tu n’iras plus où tu voudras, mais d’autres te mèneront où tu ne voudras pas aller. » (Vladimir Volkoff, Les humeurs de la mer, IV : Les maîtres du temps ; éditions Julliard et l’Âge d’Homme, 1980, p. 399.) Existait-il tant de citations susceptibles de terroriser le colonel Beaujeux quand il était petit garçon ? Il ne suffirait pas de mettre au pluriel le verbe de la relative. On ne peut que reformuler : « Une nouvelle citation se présenta à lui, une phrase qui, depuis son enfance, l’avait toujours terrorisé. »

« [Alexandra] voulut visiter un sous-marin nucléaire. Cette décision étonna Ivan. Il demanda : / – Pourquoi ? / – Je veux rencontrer ces hommes qui ne redoutent pas une des morts que je n’aurais risquée pour rien au monde. » (Jacqueline Dauxois et Vladimir Volkoff, Alexandra, roman, éditions Albin Michel, 1994, p. 477.) Dans ce roman qui relève du genre de l’uchronie, Alexandra est la jeune impératrice d’une Russie qui n’aurait pas connu le communisme. Quant à Ivan (Barsoff), c’est le premier ministre d’Alexandra, et son plus proche conseiller. Il aurait fallu écrire soit : « qui ne redoutent pas une des morts que je n’aurais risquées pour rien au monde », soit, plus logiquement : « une mort que je n’aurais risquée pour rien au monde ».

« Une troisième mélancolie pourrait être dégagée : une mélancolie tragique, dont le cinéma de Jean-Pierre Melville (1917-1973), constitue une des expressions la plus limpidement sobre. » (Philippe Corcuff, Polars, philosophie et critique sociale, avec des dessins de Charb ; éditions Textuel, collection Petite Encyclopédie critique, 2013, p. 15.) Sic ! Il y a une virgule parfaitement superflue, entre le sujet et le verbe, au sein de la subordonnée relative. Et cette absurdité : « une des expressions la plus… », au lieu de : « une des expressions le(s) plus limpidement sobres », voire : « l’expression la plus limpidement sobre ».

Enfin, je ne sais plus où j’ai entendu cette phrase ahurissante : « On a vu cela dans une des émissions qui est les plus regardée(s) aux États-Unis. » Je sais seulement que je ne l’ai pas rêvée. Pour corriger cette horreur, il suffirait d’écrire : « dans une des émissions les plus (ou le plus) regardées… », voire : « dans une émission qui est des plus regardées aux États-Unis ».

 

Partager cet article
Repost0

commentaires